4. Les Incorporés de force

Sur la base de deux articles parus dans les Giessen Infos n°12 et n°17, rédigés par Michèle Barthelmebs et Charles Lutz. 
Avec les précieux témoignages d'Adolphe Baerst et de Frédéric Goetz. Nos remerciements à tous les quatre. 

Par décret du 25 août 1942, le Gauleiter d'Alsace, Robert Wagner, décrète l'incorporation de force de certaines classes d'âge dans l'armée allemande, la "Wehrmacht".

De nombreux hommes avaient passé leur service militaire dans l’armée française, combattu les nazis et subi la défaite. Pour empêcher les désertions, les Allemands instaurent le "Sippenhaftgesetz", c'est-à-dire la "responsabilité collective", mesures de rétorsion prises contre ceux qui veulent échapper à l’incorporation mais aussi contre les membres de la famille. Alors c'est à contre-cœur que les hommes revêtent l’uniforme allemand honni.

Plus de 130 000 Alsaciens et Lorrains et 10 000 Luxembourgeois sont ainsi incorporés de force.

A Plobsheim, de nombreux jeunes hommes sont concernés et vont partir entre 1942 et 1944, sur ordre de l’Ortsgruppenleiter et maire Frédéric Clauss qui établit les listes successives.
Les plus jeunes sont nés en 1927, même en 1928, et les plus âgés nés en 1907. Ils vont partir sur le front par vagues successives. S'ils ne se présentent pas, leur famille est déportée au camp de Schirmeck ou encore envoyée en Allemagne comme travailleurs forcés.

Et ceux qui n'ont pas encore l'âge pour l'armée doivent participer au service de travail obligatoire, le "Reichsarbeitdienst", à l'âge de 17ans. Il s'agit en fait d'une préparation militaire avant d'intégrer l'armée à  18 ans.

 

Témoignage d'Adolphe Baerst :

Le 10 octobre 1942, Adolphe Baerst va être le 1er incorporé de force de Plobsheim à l'âge de 20 ans. Avec des camarades d'autres villages, il rejoint la caserne de Strasbourg. Dans le train vers l'Allemagne, pour montrer leur opposition, certains chantent la Marseillaise ou d'autres tirent le frein d'arrêt d'urgence. 

L'intégralité de son témoignage est à lire ici. 

Témoignage de Frédéric Goetz :

En février 1943, Frédéric Goetz va être le plus jeune Plobsheimois incorporé dans le RAD (Reichsarbeitdienst), à l'âge de 17 ans. Puis il sera incorporé dans la Wehrmacht le 12 mai 1943 peu après ses 18 ans. 

L'intégralité de son témoignage est à lire ici.

Les jeunes femmes nées entre 1922 et 1926 sont obligées de partir elles aussi au "Reichsarbeitdienst", c'est aussi le maire et Ortsgruppenleiter Frédéric Clauss qui établit les listes. Deux mères célibataires et de nombreuses jeunes épouses réussissent à ne pas y aller. Mais les autres sont emmenées dans des camps éparpillés à travers l'Allemagne, éloignées de leur terre natale. 

Le Gauleiter Wagner y voit un excellent moyen de mise au pas de la jeunesse féminine dévouée corps et âme au Führer et surtout des bras pour contribuer à l’effort de l’économie de guerre du Reich. Les réfractaires alsaciennes qui refusent de partir sont internées au camp de Schirmeck.

A leur arrivée au camp, elles sont tout d'abord éduquées et mises au pas pour devenir de "vraies" Allemandes, des "Reichsdeutsche". Au bout d'une dizaine de jours de camp, elles doivent prêter serment au Führer et porter une broche décorée d'une croix gammée. Puis elles vont servir de main d’œuvre en Allemagne puisque les hommes sont partis faire la guerre. Elles travaillent chez l'habitant ou dans une ferme, dans le cadre du "Reichsarbeitdienst", ou encore dans des usines d'armement ou dans l'armée de l'air allemande, la "Luftwaffe", dans le cadre du "Kriegshilfdienst". On estime à une vingtaine de Plobsheimoises concernées, âgées à peine de 18 ans.

Les années de guerre s'écoulent, l'attente est longue pour les familles qui ont vu partir un enfant, un frère, un mari, ou une jeune fille. 

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie et progressent jusqu'à Paris qui est libéré du joug nazi dès le mois d'août. 

La Deuxième Division Blindée commandée par le Général Leclerc entre dans Strasbourg le 23 novembre 1944.

L'espoir renait dans les familles de Plobsheim.
 

 

Pour information :
Lors des Journées Européennes du Patrimoine les 20 et 21 septembre 2025, l'association Le Giessen présentera une exposition sur les Malgré-Elles de Plobsheim dans la Maison du Cantonnier aux 7 Ecluses. 

 

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