5. Le 28/11/1944 : la libération

Texte écrit avec l'aide de Martin Deutsch, « témoin oculaire » de la libération de Plobsheim. Avec nos chaleureux remerciements. 
Les 1ère et 3ème photos sont issues du site de l'ECPAD : Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense

Le 28 novembre 1944, à 7h 30 précises, le Groupement tactique Dio, la 2ème division blindée du Général Leclerc, quitte Strasbourg en direction de Plobsheim où il arrive vers 8h30. Dans le virage, à l'entrée nord du village, une auto-mitrailleuse de l'avant-garde saute sur une mine anti-char en franchissant une barricade piégée. Laissant au Service de Santé de l'armée le soin de s'occuper des deux soldats blessés aux jambes, tous les autres véhicules et blindés obéissent aux injonctions pressantes de Leclerc : contourner l'obstacle sans s'arrêter.

Ils prennent le chemin de terre boueux vers l'ouest (actuelle rue Aristide Briand) et ils reviennent par la rue de la Ville sur la Route Nationale (actuelle rue du Général Leclerc) à hauteur de la ferme Kapp (cabinet du Dr Ortega). Puis en contournant une barricade constituée par une motrice de tramway, un pilier de l'entrée du jardin des enseignants est couché. Les véhicules ressortent de la cour du château en renversant là aussi un des piliers du portail.

Les chars et blindés continuent ensuite leur avancée sans rencontrer de résistance. Les soldats allemands ont déjà quitté Plobsheim ce matin-là.

 

 

Devant l'église protestante, un char ouvre le feu et tire dans l'édifice, pensant qu'il y avait à l’intérieur un canon antichar embusqué qui attendait la colonne blindée. L'obus percute plusieurs bancs pour finir sa course dans le mur en pierre à droite de la chaire, sans exploser.

On peut certes se demander si ce tir était vraiment nécessaire. Mais il faut rappeler qu'une demi-heure plus tôt, une mine antichar avait fait deux blessés à l'entrée du village et que plusieurs barricades barraient les rues , même si elles n'étaient pas défendues et rapidement contournées. D'autre part, il faut savoir qu'à cette époque, une véritable forêt entourait l'église et cachait le bâtiment jusqu'à hauteur des vitraux de la tribune. Il s'agissait donc probablement d'un tir de harcèlement destiné à débusquer d'éventuels tireurs. Un tir semblable avait d'ailleurs frappé quelques instants auparavant, pour la même raison, une maison dans la rue de la Retraite.

Parmi les premiers véhicules sur le chemin de terre (actuelle rue A. Briand), il y a aussi la voiture automobile conduite par un photographe de l'armée, avec ses appareils et caméras. Il s'embourbe dans les ornières creusées par les chars. Dans le feu de l'action, le blindé qui suit le pousse immédiatement dans le fossé pour permettre au convoi de poursuivre sa progression. Personne ne s'arrête. Dans le courant de l'après-midi, le fermier Alfred Wilm de la rue Bellevue le dépanne avec son attelage composé d'un bœuf et d'une vache et la voiture sort enfin du bourbier. De ce fait, on ne trouve aucune photo ou film officiels pris sur le vif lors de la libération de Plobsheim.

Quelques hommes investissent alors la mairie installée à l'époque dans le château et un feu de joie est allumé dans la cour en faisant brûler divers documents. D'autres raccompagnent à la mairie l'ancien maire, Michel Goetz, qui avait été destitué par les Allemands en 1943. Il signe le jour-même le premier acte de naissance de Plobsheim libéré, celui de la fille du garde-forestier, née dans la nuit du 27 au 28 novembre 1944, prénommée Anne-Marie France, en souvenir de ce jour historique. Après avoir inspecté toutes les maisons, des soldats restent sur place afin de surveiller le village et ses alentours.

En ce 28 novembre 1944, Plobsheim sort enfin des tourments de la guerre et redevient une commune française.

Après la libération, malgré le soulagement, les habitants de Plobsheim n'ont pas le cœur à la joie : de nombreux jeunes gens et jeunes filles de Plobsheim sont encore loin, en Allemagne ou sur le front de l'Est et les familles sont en attente de nouvelles. Des fils, maris, pères de famille sont déjà morts ou portés disparus, et d'autres encore prisonniers au camp de Tambov en Russie.

Enfants en costume liberation 2