7. L' après-guerre

L'acte de capitulation fixe la cessation des hostilités au 8 mai à 23h01. La guerre prend officiellement fin sur le continent européen.

A Plobsheim, comme dans toute la France, va commencer l'attente de nouvelles des jeunes gens et jeunes filles, incorporés de force dans l'armée allemande ou partis dans le cadre du travail forcé en Allemagne. De nombreux Malgré-Nous alsaciens et mosellans, envoyés sur le front de l'Est, prisonniers des Russes, vont encore connaitre les souffrances de la faim, du froid et des maladies dans les camps russes. Plus de 22 soldats de Plobsheim vont passer par le terrible camp de Tambov.

Les soldats et les Malgré-Elles vont revenir progressivement à Plobsheim fin 1945 et peut-être début 1946. 
Certaines familles vont rester sans nouvelles pendant des années et continuer à espérer jusque dans les années 50, tant qu'ils n'ont pas reçu de courrier officiel attestant le décès de leur proche, disparu sur le front. 

Ces Incorporés de Force auront du mal à raconter leur histoire. 
La plupart d'entre eux préfèrera se taire plutôt que d'aborder les horreurs qu'ils ont vécues ou encore pour ne pas avoir à justifier le port de l'uniforme allemand avec, en face d'eux, des personnes qui douteront de leur sincérité. 

Le deuxième drame des Malgré-Eux et des Malgré-Elles va se jouer après la guerre : l'Histoire va les oublier.  

En 2019, l'association Le Giessen a tenu à rendre hommage aux Plobsheimois prisonniers de guerre à Tambov en publiant un Giessen Infos à ce sujet : 
"En mémoire des 22 prisonniers à Tambov" à lire ici

En septembre 2025, à l'occasion des Journées du Patrimoine, l'association Le Giessen rendra hommage aux Malgré-Elles de Plobsheim sous forme d'une exposition à la maison du Cantonnier aux 7 Ecluses. 

Enfants nes en dordogne 1946 recadree

Si cette guerre va longtemps laisser des traces dans les cœurs des Pobsheimois, elle va faire naitre aussi de véritables amitiés :

  • Pendant des années, un soldat de la 2ème DB rendra régulièrement visite à la famille Lutz. Charles rappelle l'anecdote familiale :
    "Le jour de la libération de Plobsheim, un char vient se garer dans la cour familiale rue de la retraite. Pourquoi dans cette cour ? Je ne sais pas. 

Ce qui est sûr, c'est qu'un certain nombre de soldats est resté à Plobsheim après la libération pour sécuriser le village. 
Un des soldats, Raymond Thomann, va mettre en place un câble électrique, de la batterie du char jusqu'à la cuisine. 
Il faut savoir que l'usine électrique de Strasbourg avait été bombardée un an auparavant et depuis, il n'y avait plus d'électricité dans le village.
Quelle joie d'avoir à nouveau de la lumière, même si le couvre-feu est encore en vigueur et que les vitres sont obscurcies par des cartons !
Cela liera ma famille à ce soldat originaire de Saint Sorlin près de Cancale.
Raymond Thomann reviendra souvent en Alsace par la suite et il ne manquera jamais de nous rendre visite."

  • En novembre 1993, une lettre émouvante va être adressée à la mairie par un ancien soldat de la 2ème DB.
    A l'âge de 20 ans, Richard Didio a participé à la libération de Plobsheim et a tenu à partager ses souvenirs avec les habitants de la commune.
    Il conclut sa longue lettre par : « Ce jour-là (c'est-à-dire le 28 novembre 1944), un peu de mon cœur est resté à Plobsheim.»

L'intégralité de la lettre est à lire ici.

  • Les liens les plus forts vont bien sûr être noués avec les habitants de Port-Sainte-Foy qui ont accueilli et hébergé 850 habitants de Plobsheim pendant plus de 11 mois. 

Le 2 mai 1998, une charte de jumelage liant Plobsheim à Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt a été signée par Joël Creton et Gérard Kammerer, maires des deux communes. Depuis cette date, les rencontres sont fréquentes et l'amitié née entre 1939 et 1940 n'a fait que se renforcer.

"Ce n'est qu'avec le passé qu'on construit l'avenir."
Puisse cette citation d'Anatole France nous accompagner, de même que le souvenir des 61 victimes de Plobsheim que nous continuerons d'honorer.


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